Cahuzac, Buisson, DSK le retour au calme

 

Après être tombés en disgrâce, DSK, Cahuzac , Buisson et Morelle tentent un second départ.

En mai 2011, Dominique Strauss-Kahn passe en quelques heures du statut de chef du FMI à celui de repris de justice. Aujourd’hui, souriant, la tablette à la main, une partie d’échecs en cours sur chess.com, il est souvent pendu à l’un de ses trois téléphones. Résident du Maroc, où il passe ses vacances, il gère la société d’investissement LSK & Partners, domiciliée au Luxembourg, et sa structure parisienne Parnasse qui, l’an dernier, a encaissé 766 000 euros de bénéfices pour un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros. L’ex-patron du FMI assiste le groupe Rosneft sur le développement des infrastructures en Russie, prodigue ses conseils à la Serbie et au Sri Lanka. Avec sa fille Vanessa et son associé Thierry Leyne, il a lancé le DSK Global Investment Fund, qui ambitionne de lever 2 milliards de dollars. Entre deux voyages, il part aussi à l’assaut du marché chinois !

Jérôme Cahuzac    La reconversion est plus chaotique pour Jérôme Cahuzac, évincé du gouvernement en mars 2013 et poursuivi pour blanchiment d’argent provenant de fraude fiscale. Fin juillet, l’ancien ministre du Budget est retourné à Villeneuve-sur-Lot, dont il a été maire pendant onze ans, pour finaliser la vente de sa maison. Il a ensuite été en Corse, son havre de paix. « Là où les gens se montrent très humains », dit-il. A Paris, hormis le député Jean Glavany, la classe politique lui a tourné le dos. Cahuzac se console dans le sport : vélo, jogging, natation. En Corse, il essaie chaque jour de battre son record de la traversée de la baie, 1,2 kilomètre en vingt-cinq minutes. L’ancien chirurgien de 62 ans gagne sa vie avec le « consulting », mais il se montre plus réservé sur ses clients qu’il ne veut pas nommer « par respect pour les gens qui me font confiance ».

Dans sa maison des Sables-d’Olonne, Patrick Buisson, lui, se plonge dans l’écriture. « Il écrit des centaines de pages sur l’Elysée, sur Nicolas Sarkozy, sur la France », confie un ami. Auteur des enregistrements pirates des réunions de l’Elysée, dont une partie a été rendue publique en mars, l’ex-conseiller serait, selon des proches, encore très remonté contre le sort qui lui a été fait. « C’est un drame passionnel, assure l’un d’eux. Il a été piégé par son entourage. On l’a fait chanter. Il s’est fait avoir. » Patrick Buisson est aussi persuadé que cette affaire a servi de prétexte pour concrétiser la rupture entre l’ex-chef de l’Etat et ses idées jugées trop « droitières ». « Aujourd’hui, dans le camp Sarkozy, c’est cap au centre. » Pour la justice, l’affaire est close. Buisson n’a pas déposé plainte, comme il l’avait annoncé, pour le vol des fameux enregistrements. Même si, à 65 ans, il est proche de la retraite, il entend rester directeur général de la chaîne Histoire, filiale de TF1 où il officie depuis 2007.

Aquilino Morelle aussi aimerait bien se faire oublier. Depuis sa démission le 18 avril, l’ancien conseiller de François Hollande, soupçonné de conflit d’intérêts avec des laboratoires pharmaceutiques, n’a plus fait parler de lui ni de ses chaussures. « Il voulait prendre le large », confie un conseiller de l’Elysée. Mais il continue de s’informer, envoie des SMS à ses proches en commentant la presse. Avant de se pencher sur sa reconversion, le haut fonctionnaire attend les conclusions des deux enquêtes qui le visent. Et à la rentrée, il a prévu de revoir d’anciens collaborateurs, de l’Elysée ou ceux du temps de la campagne aux primaires socialistes d’Arnaud Montebourg, dont il est resté proche. « Il cherche du travail », croit savoir un de ses amis. Et pour cause. A l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), dont il dépend, on n’est pas pressé de le récupérer. Il a jusqu’au 15 septembre, date à laquelle il aura épuisé tous ses congés pour se recaser sinon il devra rester à l’Igas.