Métaphores sur Internet au fil du temps

Le cyberespace, l’autoroute de l’information, la Toile… Internet nous a inspiré bien des métaphores, à l’origine conçues pour le rendre plus intelligible aux non-initiés. Cela n’a pas toujours été efficace, comme nous le rappellent les Deschiens, la métaphore pouvant aussi être source de confusion (voir vidéo ci-dessous).

 Mais qui est à l’origine de ce vocable imagé? Ces expressions ont-elles définitivement pris un coup de vieux? Leurs sens a-t-il évolué? Un article de The Verge retrace leur histoire, et répond à toutes ces questions.

A travers ces métaphores, on découvre en fait que leurs inventeurs tentaient d’assigner à Internet une identité qui correspondait à leurs projets respectifs, et qu’elles ont toutes des implications politiques.

«Cyberespace», par exemple, est un mot qui a été popularisé par le romanNecromancer, de William Gibson, sorti en 1984. Il a tout de suite été pris d’affection par les pionniers d’Internet, parce qu’il incarnait leurs aspirations libertaires, et faisait du web un espace utopique où l’on naviguait dans une liberté totale.

Désormais, ce terme n’est plus utilisé que par des agents gouvernementaux, remarque The Verge, pour annoncer des mesures répressives contre les «cyberactivistes», responsables de «cybercrimes». Barack Obama a illustré ce nouvel usage du mot en 2009. Le cyberespace a en quelque sorte été récupéré par le camp opposé.

Lorsqu’Al Gore invente «l’autoroute de l’information», il dessine aussi implicitement un projet beaucoup plus policé pour Internet. Alors que «cyberespace» implique une autre dimension, la métaphore routière suggère qu’Internet pourrait faciliter le commerce. «Si Internet est une autoroute, alors cela implique que le gouvernement devrait réguler ce que les gens font dessus», remarque The Verge.

Plus tard, le terme passe dans l’escarcelle des défenseurs de la neutralité du net comme Tim Wu, pour appeler à protéger le caractère ouvert et libre du réseau.

Certaines métaphores n’ont pas été retenues (Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web, a préféré la «toile» au «filet», ou à la «mine d’informations»), d’autres ont émergé. Twitter est par exemple décrit comme une «place publique mondiale», où chacun peut être entendu.

Tantôt libertaires, sécuritaires ou utilitaristes, les métaphores ne sont donc pas anodines. Et, même si certaines sont démodées, elles passent tout de même mieux qu’une périphrase aventureuse du genre «réseau des réseaux».