Université de Buea : une grève des étudiants violemment réprimée

La grève qui a débuté dans la partie anglophone du Cameroun a pris un autre visage à l’ Université de Buea. Alors que les manifestations dans la plupart des grandes villes anglophones du pays sont encadrées avec plus ou moins de retenue de la part de la police, les affrontements à Buea ont été marqués par une sévère répression. Une manifestation des étudiants de cette institution a été sévèrement réprimée par les forces de l’ordre.

Les étudiants de l' Université de Buea revendiquent leurs primes d'excellence académique

Grève des étudiants violemment réprimée à l’ Université de Buea

La manifestation des étudiants de l’ université de Buea qui avait débuté le lundi 28 novembre 2016 se déroulait dans un cadre pacifique.

Les principales revendications étaient en premier lieu le versement de la prime d’excellence académique de 50.000 Fcfa et en second lieu la suppression de la pénalité de 10.000 Fcfa pour non-respect du délai de paiement des droits de scolarité en ligne.

Les étudiants revendiquaient également que les enseignants francophones ne puissent plus donner cours dans ladite université. Mais à peine que la manifestation avait débuté, à peine les étudiants avaient débuté leur itinéraire de marche du campus pour la ville que la police est intervenue.

A coup de gaz lacrymogène et de tirs de sommation, les étudiants ont rapidement été dispersés sur le campus. Des escouades d’hommes en tenue et le dispositif anti-émeute de la police ont par la suite été renforcés.

Des violences des forces de l’ordre sur les étudiants ont été rapportées. Les villes et quartiers avoisinant l’ université de Buea ont été pris d’assaut par ce dispositif sécuritaire.

A Limbé et à Mutenguene par exemple, des civils qui n’étaient pas liés de près ou de loin à la manifestation des étudiants ont fait l’objet de violences de la part de la police. Des établissements de la région ont été contraints de fermer craignant pour la vie des élèves.

Le bilan au lendemain de cette manifestation ne rapporte certes pas de décès, mais suite à l’assaut des forces de l’ordre, on dénombre de nombreux blessés chez les étudiants et d’importants dégâts matériels. Plusieurs étudiants ont été interpellés et placés en garde à vue.

Le corps enseignant a par ailleurs suivi le mouvement des étudiants suite à cette violente réprimande de la police. Le dispositif sécuritaire est toujours en place avec des camions de la gendarmerie qui ont été stationnés tout autour du campus. Les étudiants quant à eux ont refusé de reprendre les cours malgré les injonctions du gouverneur de la région.

Dans un communiqué de presse, Bernard Okalia Bilai, gouverneur du Sud-Ouest affirme que les parents d’élèves auraient reçu des menaces des groupes identifiés et non identifiés.

Ces groupes intimideraient les parents ainsi que les étudiants qui envoient leurs enfants à l’école. Le gouverneur avec un ton rassurant, a déclaré avoir pris des mesures pour « neutraliser toutes les personnes surprises en train d’empêcher le déroulement normal des cours. »

Clovis Mballa.